Message#43 » ven. juin 10, 2011 8:14 am
Il y a quelques jours, j'ai installé sur mon balcon, une très vieille "Dadant Type" 12 cadres, tellement vieille que c'est la propolis qui tient la caisse. Un coup de lampe à souder et une badigeonnée d'attire-essaim à l'intérieur, il ne manquait plus que les seuls quatre cadres en ma possession, aussi vieux que le reste et un peu de cire gaufrée pour y croire.
Vendredi 3 juin dernier, à 9 heures tapant, soit juste avant que je me rende au magasin acheter les deux partitions manquantes pour resserrer ces quatre cadres, la luminosité diminue dans le salon, un essaim et pas des moindres, s'installe dans ladite ruche sise devant la fenêtre. Décidées, les abeilles s'engouffrent dans le trou de vol, au moins dix de front pendant près de deux heures puis plus calmement ensuite, le groupe qui faisait la barbe le long de la barrière. Peu après midi, tout le monde était dedans et le va et vient des butineuses commençait.
Là, la situation devenait critique, l'essaim s'était installé dans une ruche quasiment vide. Il ne fallait donc pas attendre trois semaines pour les transférer. Venant de terminer deux Voirnot, j'ai passé mon samedi à fabriquer et à cirer vingt cadres puis ajuster un adaptateur qui me permettrait de transférer tout ce petit monde dans son nouveau loft, par tapotement.
Dimanche à peine dix heures, j'étais prêt à faire mon tout premier transvasement. Fort de tout ce que j'avais lu et entendu, j'avais répété toute la nuit chaque mouvement, chaque geste à entreprendre. La cloche sonne, roule ma poule…
Le toit loin, je soulève le couvre-cadres de la Dadant, que pouic. Il pèse deux cents tonnes. Je soulève à nouveau et là, je vois le fond et les parois de la caisse, noirs d'abeilles, mes quatre cadres sans personne dessus, et suspendue au couvre-cadres une immmmense grappe accrochée à deux pains de cire neuve gros comme des DVD ! Comme je n'avais pas prévu de déposer une belle et grosse grappe directement et simplement dans mes éléments, le stress et "l'effet tunnel" m'ont fait secouer le tout dans la caisse avant d'y fixer par-dessus, la nouvelle ruche (quel c…). Et vas-y qu'on tapote. Toc… toc... pffuuuutpffuuuut… toc… toc... pffuuuutpffuuuut… tout en regardant monter un fleuve d'abeilles par les vitres arrières. Après une bonne demi-heure, le balcon, sa barrière et la ruche étaient noires d'abeilles et ça montait toujours dans les éléments! Nom de nom… y a un trou ou quoi ? Ben non… bien cherché, aucune fuite ! N'y comprenant rien, j'ai décidé d'abandonner cette technique (même pas pensé au retour des butineuses). J'ai posé mes éléments sur leur fond grillagé puis retiré les cadres de la Dadant. Deux étaient complétement étirés et remplis de miel transparent, les deux autres partiellement. Incroyable je n'avais jamais imaginé qu'elles aient pu entreprendre de tels travaux en moins de 48heures.
La vieille caisse était encore remplie d'abeilles que j'ai rapidement balayées devant la nouvelle ruche, puis j'ai remisé tout l'ancien matériel au garage. Une fois de retour, un spectacle ahurissant. Des dizaines d'abeilles les fesses en l'air, invitaient les autres à les rejoindre sur la planche de vol. Hé…hé….. maman était dans la ruche. Oups…. tu parles… plus loin, un gigantesque tapis d'abeilles recouvrait tout le fond du balcon. Chaque barreau de la barrière en était garni et une grosse grappe pendait sous la dalle. Évidemment, une multitude de gaillardes, aussi les fesses en l'air, demandait à celles déjà enruchées de sortir et de les rejoindre. Cette fois, c'était la "LEM", Loi de l'Emmer… Maximum. Y avait-il deux essaims, où les facétieuses essayaient-elles de me dribler ? Je n'avais rien lu à ce sujet. J'ai donc pris une brosse et une ramassoire puis, après avoir enlevé le toit et deux cadres de la ruche, j'ai "pellé" l'essaim du balcon pour le verser dans la ruche. Bien sûr, pour dix qui rentraient, cent ressortaient. J'ai donc remis le toit en place puis déversé mes pelletées sur la planche de vol. Là, elles restaient, quelques-unes rentraient. Au bout d'un moment, il fallait quand même cueillir cette grappe qui pendait en bas du balcon. Départ à l'atelier, finir de construire la caisse à essaims, prendre l'échelle et attaquer depuis le bas. Une fois sur place, plus un chat. A vrai dire, plus une abeille ! De retour sur le balcon, une immense barbe s'était formée pendant mon absence sur la ruche et tentait tant bien que mal d'y entrer. Il n'était pas loin de treize heures quand je réalisais que ce transfert était enfin fait et sans une seule piqure.
Soudain, en voilà une qui est sortie du groupe et s'est placée là, juste entre mes deux yeux, devant mon nez, en vol stationnaire. Je me suis dit, cette fois ça y est, c'est ma fête. Elle m'a bien regardé, haussé les épaules et secoué la tête avant de rejoindre les copines. De toute évidence, à part la mise à disposition du matériel, j'ai juste servi à foutre le bord… par mon inexpérience. Les abeilles, elles, savaient comment se transférer d'une ruche à l'autre quand les conditions n'étaient pas absolument identiques à celles décrites dans les livres.
Opération réussie et pourtant pas fier.
PS : Je l'ai bien vue hausser les épaules et secouer la tête j'vous assure...