Aujourd’hui, mon train pour Paris est à 19h26. Il est 18h22, je suis en voiture pour la gare, un peu en avance, tout va bien.
Tiens, un appel de ma femme. « J’ai un peu peur, il y a comme un gros essaim d’abeilles posé sur le noisetier à côté du puits, pas loin de tes ruches ».
Flutiot, c’est le deuxième essaimage que je loupe cette semaine ! Le premier a foutu les j’tons il y a trois jours en passant dans les airs à côté de l’élagueur qui fait du ménage autour de notre vieille grange…
Ça ne se passera pas comme ça ! Zou, l’appli sncf, échange mon billet pour le 20h55 et hop demi-tour…
Le soleil se couche à 19h07, pas une minute à perdre.
Sur le chemin de retour je révise de tête mon recueil du petit cueilleur d’essaim facile…
Une ruche d’accueil… moui, j’ai presque fini de nettoyer celles vidées l’année dernière,
Un pulvérisateur d’un peu d’eau qui fixera l’essaim pour ne pas qu’il se barre le temps de rassembler le matos (en même temps, à quelques minutes du coucher du soleil, il n’a plus d’autorisation de sortie !)
J’arrive sur place, ça donne ça.
Une ch’tite pulvérisation d’flotte plus tard, matériel déployé, ruche bien ouverte sous l’essaim bourdonnant, le soleil se couchant, un coup sec sur la branche… rien ne bouge ! Bigre.
Je me résous à balayer doucettement à la brosse de crin… floc ! Presque tout l’essaim tombe sur les rayons béants.
Hop, je recouvre d’un nourrisseur, du candi d’un côté, du sirop de l’autre, un couvre-cadres, un isolant, un toit. Fini !
Quelques abeilles s’étaient envolées et se posent sur le linge déployé devant l’entrée.
Deux ou trois se mettent à battre le rappel à la porte. C’est bon signe, la reine doit être à l’intérieur.
Un petit paquet d’une vingtaine retourne sur la branche. Je balaye doucement pour les faire s’envoler et pulvérise de l’eau pour tenter d’effacer l’odeur qui doit y rester.
Allez, zou ! Je fonce de nouveau vers la gare et mon train, et je croise les doigts sur le volant… pourvu qu’elles se plaisent assez pour rester dans leur nouvelle maison ! Je ne le saurai que vendredi prochain à mon retour… suspens insoutenable !
PS : sur le chemin de la gare… je sens un truc qui me chatouille la poitrine… un peu comme une petite fourmi ferait si elle s’y déplaçait… heu… une fourmi ? Une abeille, oui ! Mouscaille de mouscaille, comment s’est-elle retrouvée sous ma chemise, sous mon pull, sous ma combinaison (que j’ai enlevée il y a bien 15/20 minutes !) ? Je m’arrête en vrac sur le bord de route, me dessape. Effectivement, je vois dans la lueur des phares une pauvrette perdue, mais pas vindicative pour autant, qui court sur l’intérieur de ma chemise et tombe à terre. Ouf, sain et sauf, j’suis pas passé loin de la
rubrique redoutée.