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Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : dim. mars 22, 2015 10:01 am
par Jérôme_77
Bonjour,

Cette semaine, avec l'actualité de l'interdiction de certaines substances, on a beaucoup parlé de la mortalité importante des abeilles. Voir la dépêche AFP ci-dessous.
Et tout le monde apicole de pointer (à juste titre) un certain nombre de responsables.
Et de poser la question, pertinente, de l'agriculture intensive, et de ses conséquences pathogènes.

Mais pourquoi jamais un mot sur l'apiculture intensive, qui existe tout autant, et sur ses conséquences ?

Les abeilles, comment on les traite, comment on les nourrit, comment on les manipule, comment on les modifie (génétiquement), comment on interfère, etc. ? Quasiment jamais un mot là-dessus !
Peut-on vraiment espérer, à long terme, sauver les abeilles si on évite un certaines nombre de questions, si on ne regarde pas toutes les responsabilités possibles ?

Apicalement,
Jérôme.

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Paris (AFP) - La France n'a jamais si peu produit de miel depuis 20 ans, et ce malgré un regain d'intérêt pour l'apiculture et une demande forte, car les colonies d'abeilles connaissent des taux de mortalité inédits, dont sont en partie responsables insecticides et parasites.

"2014 a été la pire des années dans l'Histoire récente de l'apiculture française qui voit sa production baisser constamment depuis 20 ans", a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse Henri Clément, le porte-parole de l'Union nationale des apiculteurs français (Unaf).

"Avec seulement 10.000 tonnes l'an passé, cela correspond à une production divisée par trois depuis 1995", a ajouté cet apiculteur des Cévennes, en soulignant une demande soutenue qui se traduit par des importations en hausse (environ 30.000 tonnes).

Lors de leur bilan annuel, les responsables de l'Unaf ont de nouveau mis en cause "la surmortalité des colonies", ainsi que des "conditions météorologiques catastrophiques pour les abeilles", comme beaucoup de vent.

Selon des données recueillies dans une vingtaine de départements, la mortalité des abeilles, a atteint 50 à 80% dans de nombreuses zones des grandes régions de production comme Provence-Alpes Côte d'Azur, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

"Avant l'arrivée de certains pesticides dans les années 90, comme les néonicotinoïdes, la mortalité était d'environ 5%", a souligné Gilles Lanio, le président de l'Unaf. "Sur l'Ile d'Ouessant, elle est de 1 à 3%", a-t-il ajouté.

Face à la baisse continue et spectaculaire des récoltes, l'Unaf dénonce "le double langage du gouvernement qui dit défendre l'agro-écologie mais qui ne se donne pas les moyens de vraiment aider les apiculteurs".

En cause, la frilosité de l’État français pour demander une interdiction plus large des néonicotinoïdes dans l'Union européenne. Seules trois molécules sont prohibées à ce jour, et seulement sur certaines cultures.

"C'était une avancée, mais c'est très insuffisant car les substances en question restent dans le sol des années et si entre temps l'agriculteur sème une céréale d'hiver, il pourra les utiliser", explique Henri Clément.

Les céréales à paille semées en hiver, les betteraves et les traitements en forêt ne sont pas concernés par l'interdiction.

- Des moyens réclamés contre le frelon -

De nombreuses études ne cessent de montrer la nocivité des néonicotinoïdes sur les abeilles mellifères, mais aussi sur les pollinisateurs sauvages dont l'action est indispensable pour de nombreuses cultures.

Une étude publiée jeudi par la Commission européenne démontre que près de 10% des quelque 2.000 espèces sauvages d'abeilles européennes sont ainsi menacées d'extinction, et 5% supplémentaires le seront dans un futur proche si rien n'est fait.

Jeudi, dans le cadre du projet de loi sur la biodiversité, les députés français sont allés dans le sens des apiculteurs en votant en première lecture, et contre l'avis du gouvernement, une interdiction de tous les néonicotinoïdes à partir de 2016. Une mesure saluée la Fondation Hulot ou Générations futures.

"Cela redonne de l'espoir aux apiculteurs, mais il faut que la France défende cette position au niveau européen car il y a suffisamment d'études qui prouvent maintenant que supprimer les néonicotinoïdes ne met pas en danger la production agricole comme les fabricants d'insecticides le prédisaient", a réagi Henri Clément.

Les apiculteurs jugent également insuffisante la lutte contre le frelon asiatique, présent désormais dans 3/4 du territoire français. "le ministre de l'Agriculture (Stéphane Le Foll, ndr) nous a promis que le frelon serait classé en danger sanitaire de classe 1", or "nous attendons depuis des mois", souligne Gilles Lanio.

Les professionnels s'inquiètent aussi de l'arrivée sur le sol français d'un autre parasite, le Cynips du châtaignier, venu de Chine et de plus en plus répandu.

Enfin, "le double langage concerne aussi les OGM en plein champ", avance Jean-Marie Sirvins, vice-président de l'Unaf: "partout où les OGM se développement, l'apiculture recule, car la monoculture intensive est néfaste pour les abeilles".

Re: Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : dim. mars 22, 2015 11:58 am
par Pille Muguet
J'ai assisté il y a un mois de cela à plusieurs conférences données à Vesoul à de futurs apiculteurs pros.

L'un d'eux a à un moment soutenu qu'il fallait rétablir les gardes champêtres afin de surveiller les ruches appartenant à des particuliers. Et que si celles-ci n'étaient pas suivies "correctement", il faudrait les détruire par le feu de manière systématique. Qu'entendait-il par "correctement", je préfère l'ignorer .. Cette personne a-t-elle oublié que l'abeille était un animal sauvage ? Quel sort réserverait-elle aux essaims sauvages ?

Le problème est que cet état d'esprit est largement répandu parmi les apis pros que j'ai déjà pu croiser : l'idée que leur cheptel est pollué génétiquement et/ou sanitairement par les petits ruchers amateurs.

Ce qui est amusant, c'est que la plupart d'entre nous pense exactement le contraire : ce sont leurs pratiques de renouvellements de reine & de traitements systématiques & non ciblés qui affaiblissent le patrimoine génétique de l'abeille.

Comment sortir de ce "conflit" ?
Tant qu'on ne m'oblige à rien...

Re: Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : dim. mars 22, 2015 12:13 pm
par rahane
le projet du moment est d'instaurer une visite obligatoire par an de tout apiculteur à partir d'une ruche
(visite aux frais de qui ?)
et l'obligation d'un traitement médicamenteux contre le varroa avec des produits homologués selon un protocole strict
on évoque aussi dans la même ligne la surveillance du nourrissement

la fiscalité de l'apiculture est en train d'évoluer
avec une distinction claire entre pro et amateur

pour les amateurs, non plus un forfait additionnable aux revenus mais une taxe forfaitaire.
la situation n'étant pas rose beau temps et tant que le recensement de l'ensemble des apiculteurs n'est pas d'aplomb on attend un peu

on peut effectivement s'interroger sur les effets de l'apiculture intensive, sur la quantité vendue de produit de nourrissement, de boostage, etc., pour les abeilles
et surtout on devrait s'interroger sur le fait qu'actuellement c'est la vente de reines et d'essaims qui fait de plus en plus vivre les pros et non la production de miel ou autres produits de la ruche
et ce n'est pas que parce que la production a baissé en simple contraste de volume d'affaire temporaire
c'est parce que la perte de vitalité des abeilles a institué un "marché du désastre" en lieu et place d'un marché de production.

Re: Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : dim. mars 22, 2015 9:48 pm
par Jérôme_77
Content de voir que je ne suis donc pas le seul à m'inquiéter.

Ce que vous annoncez est assez inquiétant aussi. Ne plus pouvoir avoir une ou plusieurs ruches tranquillement chez soi, en les laissant vivre leur vie comme elles le feraient dans un vieux tronc d'arbre creux... sans risquer la visite d'un contrôleur - j'imagine déjà sous l'influence de quels lobbies les contrôleurs seront formés... et j'imagine les produits qu'il faudra utiliser sous peine d'amende (d'ailleurs probablement fabriqués par les mêmes industriels qui fabriquent les produits qui détruisent les abeilles), etc.

Il faut dire que laisser des animaux vivre à leur manière, et ne pas acheter du miel, bref, être autonome et laisser les abeilles l'être, c'est double crime par les temps qui courent. Haro à qui n'achètera pas du miel de m... à l'hypermarché.
Bon, j'arrête, ça va m'énerver :-)

Oui, on en viendra peut-être à "planquer les ruches". J'imagine de toutes façons que pas mal de gens qui n'ont que quelques ruches pour le plaisir se sont bien gardés de les déclarer. Pour vivre heureux...

Apicalement,
Jérôme.

Re: Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : dim. mars 22, 2015 10:42 pm
par Pascal Orsset
J'ai eu ce samedi une intervention en cours d'apiculture, du représentant de la Frosad (Fédération régionale des organisations sanitaires apicoles), spécialisé dans le sanitaire.

J'ai entendu un discours hyper "légaliste" et une incitation à se conformer strictement aux méthodes officielles qui seraient les seules aptes à nous sauver de varroa, cause essentielle des déboires de l'apiculture.

J'ai appris à cette occasion que je mettais ma vie en danger en utilisant de l'acide formique :roll: et que c'était certainement la cause de la mort de mes ruches... :shock: :(

Bref... à mon sens, du formatage un peu trop marqué à l'attention des apprentis apiculteurs.

Est-ce vers cette apiculture "industrialisée" qu'on veut nous pousser ? :?: :|

Re: Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : dim. mars 22, 2015 10:54 pm
par Michel
De par sa fonction, cet homme se devait de vanter les produits disposant d'une AMM. Ceci dit, à la lecture des posts sur ce forum, tout le monde est satisfait de sa méthode, tant celui qui traite aux lanières qu'au thymol ou à l'acide formique ou oxalique.
Ce qui est certain, c'est que les lanières d'Apivar ou Apistan contiennent des agents réputés malsains pour l'homme et leur emploi est interdit sur les rayons appelés à recevoir le miel.
L'acide oxalique, lui aussi, est malsain pour l'homme. Conclusion, il ne reste plus que l'acide formique mais gare au dosage, et le thymol à condition de bien faire son dosage, aussi.

A+

Re: Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : lun. mars 23, 2015 8:55 am
par Pille Muguet
Ceci dit, je pense que les services vétérinaires n'ont actuellement absolument pas les moyens (temps, argent) de contrôler tout un chacun et que ce n'est pas prêt de changer.

Pascal Orsset a écrit :J'ai appris à cette occasion que je mettais ma vie en danger en utilisant de l'acide formique :roll: et que c'était certainement la cause de la mort de mes ruches... :shock: :(

Quid du MAQS qui contient de l'acide formique et dispose d'une AMM ?

Michel a écrit :De par sa fonction, cet homme se devait de vanter les produits disposant d'une AMM. Ceci dit, à la lecture des posts sur ce forum, tout le monde est satisfait de sa méthode, tant celui qui traite aux lanières qu'au thymol ou à l'acide formique ou oxalique.

Perso, vu mes mortalités, je ne suis absolument pas satisfait de ma méthode ! :cry:

L'acide oxalique, lui aussi, est malsain pour l'homme. Conclusion, il ne reste plus que l'acide formique mais gare au dosage, et le thymol à condition de bien faire son dosage, aussi.

Le problème du thymol est qu'il s'accumule dans les cires et devient toxique pour les abeilles passé un certain seuil. Certes, pas de problème quand on renouvelle bien ses cires !

Re: Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : lun. mars 23, 2015 12:06 pm
par Supradine
Michel a écrit :Ce qui est certain, c'est que les lanières d'Apivar ou Apistan contiennent des agents réputés malsains pour l'homme et leur emploi est interdit sur les rayons appelés à recevoir le miel.

Pour l'instant je traite avec ces produits, sinon les pertes sont trop importantes. Dans l'avenir et une fois que j'aurai un cheptel stabilisé (surement en 2016), j'essayerai d'autres méthodes sur l'un de mes ruchers. Mais par contre je ne comprends pas cette interdiction sur les rayons de miel.
Il est évident que ce sont des produits chimiques qui peuvent être nocifs, mais dans certains articles il est dit que l'Apivar n'est plus trouvé 3 mois après avoir enlevé les lanières. Mais de toute façon sur une ruche qui a été traitée avec l'Apivar en août/octobre, quand vous mettez la hausse, vous croyez que les abeilles ne montent pas le miel stocké dans le corps ? sincèrement j'ai un doute. Si elles le montent il n'y a alors pas de différence.

Re: Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : lun. mars 23, 2015 12:56 pm
par Pille Muguet
Supradine a écrit :Il est évident que ce sont des produits chimiques qui peuvent être nocifs, mais dans certains articles il est dit que l'Apivar n'est plus trouvé 3 mois après avoir enlevé les lanières

Certes l'amitraze n'est plus détecté mais le problème est qu'on ignore de quelle manière il se dégrade et quels sous-produits il génère.

Mais de toute façon sur une ruche qui a été traitée avec l'Apivar en août/octobre, quand vous mettez la hausse, vous croyez que les abeilles ne montent pas le miel stocké dans le corps ? sincèrement j'ai un doute. Si elles le montent il n'y a alors pas de différence.

Tout à fait, il y a effectivement une belle hypocrisie à ce niveau là. A mon sens, si on interdit le Taktic du fait de l'amitraze, Apivar devrait également être prohibé, hausse ou pas hausse.

Re: Intensive l'agriculture... mais pas l'apiculture ?

Posté : mar. mars 24, 2015 9:10 pm
par cyril12
Si légiférer les méthodes apicoles permet de véritablement sauver des colonies par la recherche de moyens de lutte efficaces par exemple contre le varroa, alors je suis partant. Cependant, tout a un coût et si l'apiculture devient un luxe, la plupart des amateurs ne déclareront plus leurs ruchers ; donc encore plus coûteux pour ceux qui déclareront...