Si l'art d'enrucher est de savoir faire accepter une ruche à une colonie, pour l'instant il n'y a pas d'artiste ici.
Nous étions 5 lors de cette intervention dont 1 professionnel et deux amateurs ayant déjà des ruches en France et à Mayotte, et deux personnes ayant suivi des formations. On a essayé sans avoir d’école ou d'idée préconçue.
Michel a écrit :Apparemment, tu arrives assez facilement à trouver des colonies mais tu bloques sur la fidélisation dans tes ruches malgré la récupération du couvain lors de l'enruchement.
Apparemment, comme je vous l’écrivais, de l'avis général des apiculteurs métropolitains ou d'autres DOM qui s'essayent et se frottent à l'abeille mahoraise, c'est le problème de tout le monde ici face à cette souche d'abeille.
Comme je l’écrivais deja, il y a 80% d’échecs lors de l'enruchement. Des gens venus de partout se sont déjà cassé les dents. Même de la Réunion qui ont des Apis meliferra unicolor métissées ou amendées par des importations.
Malgré les tentatives il n'y a pas de professionnels qui vivent de ça et pas d'amateurs qui y restent.
Elles ont été sélectionnées depuis des siècles sur la prédation apicueillette et (donc ?) s’évadent très très vite.
Voir rapport "Étude de faisabilité Apiculture Mayotte"
http://coatis.rita-dom.fr/osiris/files/ ... e_2012.pdf"Comportement sauvage :
1. La désertion : Principal problème remarqué à Mayotte. La colonie entière quitte le nid (abri naturel ou ruche), ses réserves, son couvain, ses constructions pour s'établir ailleurs, sans être dans une phase de reproduction (essaimage, production de nouvelles reines). Et ce à cause d'un dérangement ou d'un manque de ressources environnantes. Ce comportement n'existe qu'en milieu tropical car il est suicidaire pour la colonie en pays tempéré ou à saisons très marquées.
Maintenant, des observations montrent qu'à Mayotte un grand nombre de colonies restent parfois plusieurs années dans le même abri. Cette réaction n'est donc pas gratuite."
Voir aussi article :
http://lejournaldemayotte.com/une/et-ma ... a-du-miel/"Une abeille sauvage bien acclimatée
L’abeille sauvage de l’océan indien est bien implantée et acclimatée dans notre département. Apis mellifera s’installe dans une grande diversité d’abris, des troncs creux, dans le sol et parfois dans les habitations.
Elle résiste à de longues périodes de pluie et son organisation est basée sur une floraison assez constante… ce qui est le premier inconvénient d’une longue liste.
Avoir accès à de la nourriture tout au long de l’année, à part à la fin de la saison sèche qui correspond pour elle à une courte période de disette, ne facilite pas la constitution de réserves. En conséquence, elle produit relativement peu de miel, même si la production pourrait tout de même atteindre une dizaine de kilos par an.
Autre problème : elle peut très vite abandonner son nid. Quand Apis mellifera est dérangée par des termites ou des fourmis, elle part s’installer ailleurs. Ce comportement, que les spécialistes appellent la «désertion», est une particularité des abeilles qui vivent en milieu tropical. Une telle fuite serait tout simplement suicidaire pour les abeilles européennes dont la vie est rythmée par les saisons d’un climat tempéré.
Du coup, pas facile pour l’homme d’intervenir pour les installer dans une ruche, les transporter, ou de récolter leur miel. Il faudrait donc imaginer de bonnes pratiques pour mettre en place une apiculture maitrisée d’autant qu’Apis mellifera rechigne à s’installer dans les grandes ruches modernes : elle n’aime pas les étages. Elle préfère généralement habiter dans une seule boite plutôt de petite taille."
Les reines ont une capacité de mobilité plus grande.
L'essaim peut rester deux semaines sur une branche sans rien construire ni stocker puis décider de partir. La colonie peut choisir un lieu, y vivre puis décider plus tard de s'en aller.
Elles ne stockent pas du miel pour passer d'hiver. Il n'y a pas d'hiver. La saison "fraiche" c'est du 20 degrés C minimum. Des fleurs il y en a toujours à butiner.
Les miellées sont nombreuses, mais les conditions de vie plus dures ou concurrentielles à cause des pluies très violentes ou des insectes pilleurs ou bien du feu dans le jardin fait pour les chasser donc elles changent de "maison" facilement : il pleut trop fort, elle va se mettre à l'abri ailleurs.
Les enruchements réussis (20% des cas pour les acteurs qui en parlent) peuvent être considérés comme tels seulement après 3 semaines d'installation dans la ruche.
Des interventions ? Une tentative de déplacement de la ruche pour changer de site ? Et hop elles peuvent partir.
Là je vous répète ce que les acteurs de la filière qui tentent de s'installer disent et ce que je vis depuis deux mois.
Personnellement, sur 3 colonies trouvées. J'en ai une bien installée (déplacée sur 1 km), une évadée totalement 3 fois (colonie à 6 m de haut), l'autre qui a son couvain gardé par une poignée d'abeilles (dans mon jardin dans le tas de bois).
Les prochaines tentatives, je vais peaufiner le moindre détail et y aller à la douce en les trompant en évitant le stress et la fumée. Par étapes
- Insérer la ruche dans la structure existante pour qu'elles la considèrent comme la leur.
- Insérer des barrettes dans la colonie sauvage
- Connecter la colonie sauvage à la ruche apportée en faisant en sorte qu'elles y passent (communication)
- Englober la colonie dans la ruche
A voir selon la situation qui se présentera.
Mais je suis à l’écoute des moindres idées et conseils à tester.