Passionnant autant qu'interloquant :
Chez les abeilles, deux pères pour une fille - Le Monde du 3/12/2018 - Par Pierre Barthélémy (réservé aux abonnés du journal, désolé...)
Pour les non-abonnés, petit condensé :
"Des chercheurs ont observé une femelle abeille qui ne possédait aucun gène de sa mère mais bien ceux de deux pères biologiques."
"Chez les hyménoptères, ordre d’insectes qui recouvre les abeilles, fourmis, guêpes et frelons, lorsque la reine pond un ovule, "elle a le choix entre le fertiliser avec du sperme ou non (moui, je ne suis pas trop sûr de ça, cf. *). Si elle le fertilise, il deviendra diploïde (c’est-à-dire porteur de deux jeux de gènes, celui de la mère et celui du père), et ce sera une femelle. S’il n’est pas fertilisé, il sera haploïde (c’est-à-dire porteur d’un seul jeu de gènes, celui de la mère) et se transformera en mâle.(...)
Chez les abeilles, ce n’est donc pas un chromosome en particulier qui va enclencher la fabrication de tel ou tel sexe, mais le nombre de jeux de chromosomes.
(...) l’université de Sydney, (a) étudié des abeilles « mosaïques », qui montrent des caractéristiques physiques mâles et femelles en même temps. Ce phénomène est rendu possible par le fait que plus d’un spermatozoïde peut, chez ces animaux, entrer dans un ovule, ce qui provoque une sorte de chamboule-tout génétique.
(...)
(Enfin, une abeille) présentait tous les attributs, internes et externes, d’une femelle. Mais elle ne possédait aucun gène de sa mère… Seule explication possible, selon l’étude : il s’agit d’une femelle parce qu’elle est diploïde, mais ses deux jeux de gènes proviennent de deux spermatozoïdes, du jamais-vu chez les hyménoptères. Les chromosomes de la mère ont quant à eux disparu de l’ovule dont elle est née."
* : une formation avec Olivier Duprez, Rucher Ecole Villa le Bosquet, m'avait éclairé sur le mécanisme du choix du sexe à venir de l’œuf pondu et j'aime à en exposer la méthode :
Ce n'est pas la reine qui choisit de pondre un œuf fécondé ou non, ce sont les ouvrières.
Ce sont elles qui, lorsqu'elles construisent les cellules de couvain, déterminent si l’œuf sera ou non fécondé à la ponte. Lorsque elles veulent un œuf de mâle, non fécondé, la cellule sera légèrement plus profonde. La reine, pour déposer son œuf au fond de cette cellule-là devra courber un peu plus son abdomen, pinçant et obturant alors le canal de sa spermathèque et bloquant ainsi le dépôt de spermatozoïdes sur l'ovule lors de sa ponte. La cellule de femelle est moins profonde, l'abdomen de notre reine sera moins courbé au moment de la ponte, sa spermathèque pourra s'ouvrir au passage de l'ovule qui sera fécondé en œuf de femelle.